Les Atomes Crochus donnent corps à leur devise « transformer la science en plaisir, en rire en art et en jeux » en posant leurs valises au sein du quartier politique de la ville de la Porte Pouchet à Paris, 17e. Après avoir sensibilisé les jeunes du quartier à la science directement dans leurs écoles avec des représentations des contes et des journées d’ateliers, Les Atomes ont proposé aux jeunes de les rejoindre pour des stages scientifiques sur l’année.
Tous les mercredis après-midi de février à mai, dans un appartement mis à disposition par Paris-Habitat, les jeunes ont eu l’opportunité d’essayer, de découvrir et de s’amuser en pratiquant du théâtre et des sciences. Tout cela du haut du 9e étage de la tour Borel, promise à la démolition dans le cadre du Grand Projet de renouvellement urbain. Ils proposent par ailleurs à ces jeunes de les retrouver pendant l’été pour un stage intensif (voir la newsletter n°18).
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Mais ce n’est pour Les Atomes qu’un aspect de leur participation à la vie du quartier. Au-delà des jeunes, c’est aux familles de façon plus large qu’ils s’adressent en participant avec clown, animation ou conte à la fête de la lecture, la fête de quartier et tout prochainement à des après-midi jeux dans les squares.
C’est en s’appuyant sur le réseau de proximité que Les Atomes s’installent dans le quartier : c’est pourquoi nous sommes fiers de faire partie du collectif qui a déposé une demande de local dans les futures constructions de la Rebière. Parce qu’il s’agit de trouver un nouveau local pour héberger la suite des stages, mais aussi parce qu’il s’agit d’apprendre à travailler ensemble en vue de la construction d’un nouveau centre social axé sur l’échange des savoirs.
Enfin, parce qu’il s’agit, pour nous, d’utiliser les sciences pour susciter la curiosité et l’émerveillement de notre public mais aussi de solliciter de manière plaisante et récréative le questionnement, l’esprit critique et le sens de l’observation : objectifs qu’il est plus qu’enrichissant de poursuivre à plusieurs avec des portes d’entrée différentes. Aussi Les Atomes ont bien déposé leurs valises dans le 17e et comptent bien les y laisser pour longtemps.
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Hélène Driancourt œuvre au sein de la Délégation à la Politique de la Ville et à l’Intégration de la Ville de Paris. Chef du grand projet urbain de rénovation du quartier de la porte Pouchet, situé dans le XVIIe arrondissement, elle a accordé sa confiance aux Atomes Crochus pour que la science participe sur le long terme à la vie du quartier à travers des animations, ateliers débats, spectacles et contes dans les écoles primaires et clubs de jeunes ou de seniors.
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Les activités des Atomes crochus représentent une partie d’un projet plus vaste pour le quartier. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
En effet le projet en cours Porte Pouchet est très vaste. D’abord dans son objectif qui consiste à améliorer la vie locale dans toutes ses dimensions. Mais aussi dans sa méthode. Car il s’agit de mobiliser toutes les compétences au service du quartier et de faire en sorte que tous les spécialistes travaillent ensemble : ceux du social, de l’urbain, de l’éducation, de la jeunesse. Mais la première des compétences à mobiliser est celle des habitants.
Justement dans ce cadre, une grande place semble avoir été accordée à la parole des habitants. Comment procédez-vous pour susciter et encadrer un débat citoyen tel que celui-ci ?
Nous organisons des réunions en format « cabaret », c’est-à-dire en regroupant les participants par petites tables. Ce format permet à chacun de s’exprimer tout en réunissant une cinquantaine de personnes au total. Il crée une ambiance de travail très positive et conviviale. Il favorise les échanges et fait évoluer les points de vue. Lors de ces séances, nous utilisons également la méthode du « mind mapping » qui permet de développer sa pensée, de « visualiser » ses idées et de les relier, tout en gardant une vision d’ensemble du sujet.
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De quelle façon les activités des Atomes Crochus sont-elles intégrées dans la vie locale ?
Nous avons un « projet de quartier », qui est la feuille de route issue de la concertation. Un des enjeux de ce projet de quartier est une vie sociale où chacun trouve sa place. Cet enjeu recouvre plusieurs objectifs et notamment celui du partage des savoirs. C’est là que Les Atomes Crochus sont un allié très précieux. Notamment pour prendre en compte un rejet éventuel du format scolaire. J’ai spécialement retenu dans la démarche proposée l’idée de désacraliser la notion de savoir et de révéler son intérêt pour chacun, de présenter le savoir avant tout comme moyen d’interprétation et de représentation visant à rendre les choses plus intelligibles. En peu de temps, l’état d’esprit coopératif de l’association et sa réactivité lui ont permis d’être pleinement « adoptée » dans le quartier.
Quels dispositifs conseillez-vous de mettre en place d’une manière générale pour se mettre à l’écoute des habitants ?
La première exigence à mon avis est d’aller au devant des absents. Depuis plusieurs années, je participe à des rencontres hebdomadaires en pied d’immeuble. Ces rendez-vous sont très importants pour moi. Leur côté informel et convivial facilite beaucoup l’expression de ceux qui ne fréquentent pas les instances de concertation type réunion publique. Elles permettent aussi de maintenir le contact et d’avoir une perception plus fine et plus juste de la vie du quartier. Une autre exigence est de croiser les regards entre habitants et spécialistes. Des promenades collectives de jour et de nuit permettent ces échanges. Des « ateliers ville » sont également proposés régulièrement pour permettre aux habitants de mieux comprendre les questions urbaines et de construire leur propre point de vue.
Pourriez-vous nous donner d’autres exemples d’actions que vous menez pour encourager la participation des habitants à la vie du quartier ?
Au départ, le secteur était totalement dépourvu d’association et de vie locale et nous avons eu la volonté de soutenir les habitants dans leur organisation. Nous avons notamment proposé à plusieurs jeunes de la Porte Pouchet une formation à l’animation et à la médiation (Bafa citoyenneté) et les avons ensuite accompagnés dans la création de leurs propres associations. Celles-ci bénéficient aujourd’hui à la fois de l’adhésion des jeunes du quartier et de la confiance des institutions. Ce qui est rare ! Souhaitant participer activement à l’avenir du quartier, elles ont récemment initié un collectif. Elles ont aussitôt proposé aux Atomes Crochus de participer à cette dynamique, qui est exigeante mais me paraît aussi très prometteuse.
>> Billet construit à partir de deux articles publiés dans la newsletter n°18 des Atomes Crochus et sur le site
>> Illustrations : Google Map (Street View), Atomes Crochus, sirwiseowl,